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Open Innovation : la collaborative attitude

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Véritable moteur de la performance et de la compétitivité pour les PME, l’innovation, pour être encore plus bénéfique, doit se faire aujourd’hui en s’ouvrant pleinement sur ses environnements. Motiver l’interne et s’appuyer sur des expertises externes sont sources de créativité et de nouveaux produits ou services.

Qu’est-ce que l’open innovation ? « Une attitude, une position de l’entreprise et surtout de son dirigeant qui affiche une réelle volonté d’impliquer l’ensemble des collaborateurs dans les processus d’innovation et d’ouvrir son entreprise sur son environnement externe. » Daniel Bouteille est actif au sein de la jeune association Adecie qui prône un processus mal utilisé au sein des PME françaises. « La balance commerciale extérieure de la France ne cesse de creuser son déficit depuis plus de quinze ans, argumente-t-il. Nous constatons que les entreprises manquent de mobilisation autour de ce thème de l’innovation qui est un facteur de compétitivité sur la scène internationale. Il suffit d’observer l’Allemagne ou d’autres pays européens où les dirigeants rendent actifs chaque membre de l’entreprise. Elles sont davantage innovantes. » Cette posture a été adoptée par Coval, une PME de Montélier spécialisée dans les technologies de maîtrise du vide au sein des process de fabrication industriels, qui a fait de l’innovation, et surtout de l’innovation ouverte, sa marque de fabrique. « Dès la création de l’entreprise dans les années 90, nos technologies ont été mises en place avec des chercheurs de l’Insa de Toulouse. L’open innovation est notre mode de fonctionnement », affirme Pierre Milhau, responsable de l’innovation en interne.

La confiance

Comment s’y prendre ? « En mobilisant toutes les forces vives de l’entreprise et en faisant confiance à ses collaborateurs, expose Daniel Bouteille. Il faut réinstaurer un dialogue au sein des entreprises, arrêter de couver les inventions, favoriser le travail collectif et ne plus vouloir à tout prix garder le secret absolu. » En pratique, les résultats sont plutôt probants, même s’il faut au préalable bien définir les règles. Et ce, à toutes les strates de l’entreprise. Car non, l’innovation n’est pas uniquement l’apanage des cellules de R&D. Les achats et le service commercial sont, par exemple, d’excellentes sources d’idées nouvelles, car en prise directe avec le marché. « Je comprends que certains dirigeants d’entreprises hésitent à pratiquer l’innovation ouverte, notamment vis-à-vis de l’externe, confirme Pierre Milhau. Mais en communiquant bien, en définissant les règles et en engageant la responsabilité de chacun, ça fonctionne. Les commerciaux sont souvent la population la plus difficile à maitriser mais en leur expliquant les enjeux, ils voient rapidement l’intérêt pour l’entreprise. » Tout ne passe pas par des séances de brainstorming formalisées. « On utilise les outils de veille standards et surtout, on partage l’information », conseille Pierre Milhau.

Entretenir le réseau

Une méthode qu’il utilise aussi en externe. « Il faut pouvoir mobiliser les meilleures compétences rapidement. Coval s’est constituée un réseau d’une trentaine d’experts qui nous sert à constituer des équipes projets et à valider en amont des innovations que nous brevetons vite. » Les universités, les laboratoires de recherche publics, les pôles de compétitivité, les PME innovantes mais aussi les grands groupes et les partenaires institutionnels constituent un écosystème à activer et surtout à entretenir. « Notre réseau, bien qu’il soit solidement constitué, doit rester ouvert pour accueillir de nouveaux partenaires, experts dans leur domaine, témoigne Pierre Milhau. Une telle attitude d’ouverture nous donne accès beaucoup plus facilement à des technologies hyper innovantes et nous dote forcément d’une longueur d’avance sur nos concurrents internationaux. » Comme avec les collaborateurs, les projets se montent dans la confiance systématique sous accord de confidentialité. « Pour limiter les risques, des accords de confidentialité sont signés avec toutes les parties intégrées au projet », ajoute le responsable de l’innovation.

Dialoguer avec les universitaires

Dans cette pratique de l’open innovation, Coval ferait quasi figure d’exception. « Le problème est culturel, confirme Daniel Bouteille, de l’Adecie. Il peut se résoudre, sur le très long terme, en agissant directement auprès des étudiants, dans les grandes écoles et les universités. C’est aussi le rôle de notre association qui fournit des documents pédagogiques et dialogue avec les enseignants pour leur faire prendre conscience de la situation au sein des PME françaises. »  Une problématique comprise par l’Esisar qui donne des clés à ses étudiants pour être davantage ouverts sur leur environnement. Une passerelle aussi avec les entreprises qui s’intéressent de plus en plus à ces élèves-ingénieurs et aux moyens dont disposent les écoles. « Chaque année, près de 70 entreprises souhaiteraient voir leurs études de cas analysées par nos élèves de 4e année, relate Jean-Luc Koning, responsable des projets industriels au sein de l’école d’ingénieurs de Valence. Nous en sélectionnons 25. Les entreprises disposent d’une équipe de trois élèves-ingénieurs aux spécialités complémentaires qui planchent de janvier à juin sur une problématique donnée. » Les entreprises déboursent 30 000 €, peuvent développer une idée nouvelle avec des compétences de haut niveau suivies par des enseignants-chercheurs et y dénichent parfois leurs futurs collaborateurs. « On assiste à une réelle montée en gamme des projets industriels proposés par les entreprises et sélectionnés par l’école », constate Jean-Luc Koning.

Etre attentif aux informations recueillies par les collaborateurs en interne, impliquer ses clients dans la co-création, collaborer avec des laboratoires de recherche et pratiquer le transfert de technologies, s’adjoindre les compétences d’une équipe d’étudiants pour réfléchir à une idée nouvelle… L’open innovation, c'est tout cela à la fois. L’ouverture à de telles pratiques portera ses fruits si le dirigeant ne se coupe d’aucune piste.

Les outils de l’Adecie
L’Association pour le développement de la culture innovation en entreprise (Adecie) propose toute une gamme d’outils pour accompagner les entreprises dans la mise en place de la démarche. Une collection de livrets est téléchargeable sur son site www.adecie.org : Livre A : entreprises, Livret B : projets, Livret C : écoles, Livret P : pilotes, ainsi que des planches à projeter. L’objectif de l’association est d’inciter les entreprises françaises à rattraper leur retard face à une pratique largement utilisée dans d’autres pays européens. Facteur de performance, de compétitivité, de croissance, de création d’emplois, l’open innovation est aussi un puissant stimulateur pour faire collaborer des compétences internes et externes. Dans une notion de partage au bénéfice des entreprises françaises, l’Adecie met ses outils à disposition gratuitement sur son site.


Article à retrouver dans le supplément INDUSTRIE de l'Economie Drômoise - Mars 2015.



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